LIMINAIRE CSI 122

Que l’on pense à Québec au sein de la Nouvelle-France ou bien de ce qui allait devenir le Canada, le berceau de l’Amérique française en fut un de foi chrétienne. Cela ne fait aucun doute. Le 400e anniversaire de fondation de la ville de Québec peut être un bon moment pour célébrer, entre autres, cet héritage chrétien.

L’occasion de faire un portrait spirituel de notre ville en fête ne peut guère être meilleure. Autant en profiter, alors, pour dresser un portrait spirituel à la fine pointe de l’évolution de cette ville quadricentenaire. Livrons-nous à cet exercice sans chercher à restaurer (à tout prix !) un état des choses, en prenant acte du présent pour nous tourner résolument vers l’avenir. Mais il faut bien l’admettre, le paysage spirituel de Québec – notamment – est plus complexe et diversifié que jamais. Recentrons-nous ainsi sur la situation actuelle d’un héritage chrétien tenu pour bien vivant, sans préjudice à l’égard du pluralisme religieux qui marque notre ville et qui mériterait un traitement par ailleurs.

Quel visage notre ville quadricentenaire présente-t-elle quand on la regarde à travers les « œuvres » que les chrétiennes et les chrétiens y déploient aujourd’hui, écho manifeste d’une spiritualité vécue ? Encore faut-il accueillir ce que nous sommes en train de devenir à ce chapitre. Aussi la parole sera-t-elle donnée exclusivement à des personnes laïques, entendons : des personnes non issues de communautés religieuses. Sans postuler la disparition de celles-ci ou de leurs œuvres, nous nous intéressons à ce terreau « strictement laïc » à partir duquel et en fonction duquel s’atteste, peut-être, un véritable courant de spiritualité à l’intérieur du christianisme. Qui sait ce qu’une prise de parole « strictement laïque » pourrait révéler comme particularité ou nouveauté dans le champ de la spiritualité ! Parmi les établissements et les institutions qui donnent un si beau visage à la ville de Québec, des jardins par ailleurs labourés et ensemencés méritent d’être re-découverts.

Mais abandonnons d’emblée l’idée d’un tableau complet et exhaustif des œuvres et spiritualités composant le visage spirituel de Québec en 2008. Un simple aperçu du « terrain » nous satisfera – en attendant de soumettre le tout, dans un prochain Cahiers, à un examen réflexif et systématique en vue de dégager les enjeux actuels de la spiritualité, au Québec et ailleurs. Pour notre intérêt immédiat, un échantillonnage partiel de ces œuvres et spiritualités ayant pignon sur rue à Québec peut donc suffire dans la mesure où cet éventail signale, au moins, la diversité de ces œuvres et les manières parfois contrastées d’exposer une spiritualité vécue dans une situation autre que celle d’une religieuse, d’un religieux, d’un clerc.

Ce paysage spirituel de notre ville héritière en fête est exposé suivant deux perspectives. La première a partie liée aux œuvres spirituelles d’une communauté religieuse ; des personnes n’intégrant pas comme tel, ou pas de façon traditionnelle, une forme de vie religieuse nous parlent de la spiritualité qui les anime. Christian Busset, associé de la Société des Missions-Étrangères, et Mireille Éthier, membre d’un institut religieux lui-même regroupé au sein d’un « consortium » nouveau genre, nous entretiennent de leur expérience. Puis, Mario Gagnon, du Collège Saint-Charles-Garnier, ainsi que Fernand Côté, de la Maison Dauphine, font de même quant à l’héritage jésuite à Québec.

L’autre perspective explorée dans ce numéro des Cahiers renvoie à ces œuvres qui, dans la ville de Québec, ont vu le jour grâce à des personnes laïques (au sens strict et non canonique du terme), pour des besoins par elles définis et pour elles établis. Cet autre aperçu d’une spiritualité à la recherche d’elle-même nous est donné par Réjean Bernier, du Centre Agapê, par Dominique Leduc et Luc Létourneau, de la communauté chrétienne missionnaire Le Tisonnier, et par Mario Alberton, du Piolet.

Deux contributions hors dossier complètent ce numéro. Jean Richard et Gilles Routhier nous offrent quelques réflexions fort pertinentes sur l’eucharistie, à l’heure du Congrès eucharistique international qui a lieu cet été même à Québec.

Merci à ceux et celles qui ont risqué une parole, en Église, dans le cadre de ce projet initial d’écriture concernant la spiritualité des personnes laïques. Chacun peut poursuivre la réflexion sur cette problématique. En ce sens, quelques questions supplémentaires et surtout plus formelles sont présentées en épilogue. Entre-temps, Québec peut continuer de célébrer.

Bonne lecture.

Étienne Pouliot